Startups “disruptives”: les buralistes font sauter la banque avec le Compte-Nickel

Oct 14, 2015 dans Entreprises

De gauche à droite : Pierre de Perthuis, Ryad Boulanouar, Hugues Le Bret, Michel Calmo, cofondateurs de Compte-Nickel.

Fondé par le créateur du Pass Navigo et l’ancien patron de la banque en ligne Boursorama, le Compte-Nickel permet d’ouvrir un compte chez un buraliste.

Un par minute. C’est le nombre de Comptes-Nickel qui s’ouvrent chaque après-midi aux quatre coins de la France. Lancé en 2014, le service a déjà séduit plus de 153 000 clients. Le principe est simple: il suffit de se rendre chez un buraliste équipé d’une borne avec vingt euros pour l’ouverture du compte, une pièce d’identité et un justificatif de domicile. Cinq minutes plus tard, vous ressortez avec une Mastercard internationale, ainsi qu’un relevé d’identité bancaire. Pas de découvert autorisé – mais, du coup, pas de pénalités – et une traçabilité en temps réel. Voilà les ingrédients du succès fulgurant de cette solution inventée par Ryad Boulanouar, qui a très vite séduit son associé Hugues Le Bret.  

T’as l’air sympa pour un banquier!

Le premier, ingénieur de formation, est aussi à l’origine du Pass Navigo, pour les transports en commun en Ile-de-France, ou du porte-monnaie électronique Moneo. De l’autre côté, Hugues le Bret, pur produit de la banque, a été directeur de la communication de la Société Générale, puis patron de la banque en ligne Boursorama. Les deux se rencontrent en février 2011. “Ryad voulait avoir l’avis d’un banquier avant de lancer son compte chez les buralistes. Nous avons discuté plus de deux heures ensemble autour de son projet”, se souvient Hugues Le Bret. “T’as l’air sympa, pour un banquier!” lui lance Ryad Boulanouar à la fin de leur discussion. L’entente est réciproque.  

Forts de l’agrément de la Banque de France, les deux associés ciblent les 2,5 millions d’interdits bancaires en France. Très vite pourtant, le premier “compte sans banque” suscite l’intérêt d’autres profils: “Un tiers de nos clients sont sans revenus fixes et sans emploi. Mais la moitié sont des salariés du public, du privé ou des commerçants qui gagnent entre 1000 et 1600 euros par mois et en ont assez des découverts, explique Hugues Le Bret. Quant aux autres, ils utilisent le Compte-Nickel comme compte de dépenses communes ou pour effectuer des paiements en ligne”.  

A l’autre bout de la chaîne, les 960 buralistes Compte-Nickel y voient aussi leur intérêt. A chaque ouverture de compte, ils empochent trois euros, et sont rémunérés en cas de dépôts ou retraits d’espèce. “En considérant l’ouverture d’un compte tous les deux jours, on arrive au bout de trois ans à un revenu qui représente 10% du chiffre d’affaires du buraliste”, calcule Hugues Le Bret, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. 

Grâce à une levée de fonds de 10,2 millions d’euros, la Financière des paiements électroniques, l’entreprise à l’origine du Compte-Nickel, va lancer deux nouvelles offres fin septembre et l’année prochaine. La première, un compte réservé aux 12-18 ans. La deuxième sera destinée aux TPE de moins de 10 salariés et moins de 2 millions de chiffre d’affaires. D’ici la fin de l’année, les inventeurs du Compte-Nickel espèrent dépasser le cap des 200 000 clients.

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