FFP – QUAND LES “BUSINESSMEN” FINANCENT LA NOUVELLE GENERATION D’ENTREPRENEURS

Déc 23, 2015 dans Financière Fonds Privés

Depuis sa création en 2008, Financière Fonds Privés a permis à 400 anciens capitaines d’industrie et cadres-dirigeants de financer 25 startups, dont Compte Nickel, pour un total de 50 millions d’euros. Un modèle à mi-chemin entre les fonds d’entrepreneurs et les business angels.

Quoi de mieux, a priori, qu’un ancien chef d’entreprise pour financer une jeune société prometteuse? Le second peut espérer trouver une meilleure écoute qu’auprès d’un investisseur financier, et le premier a la possibilité de vivre par procuration une nouvelle aventure entrepreneuriale, tout en faisant fructifier son patrimoine. De fait, les entrepreneurs-investisseurs sont une espèce en voie d’expansion, à tel point que l’Afic (Association française des investisseurs pour la croissance) a créé cette année un club dédié aux fonds d’entrepreneurs. Mais ces fonds – dont l’un des plus connus est Isai, porté sur les fonts baptismaux par Pierre Kosciusko-Morizet (Priceminister), Stéphane Treppoz (Sarenza), Geoffroy Roux de Bézieux (Virgin Mobile) et Ouriel Ohayon (TechCrunch) – ne sont que l’un des moyens permettant aux entrepreneurs d’investir dans des startups ou des PME. Ceux-ci peuvent en effet, comme tout investisseur particulier, acheter des parts de FIP (fonds d’investissement de proximité) ou de FCPI (fonds commun de placement dans l’innovation). Ou encore investir directement dans des sociétés qu’ils auront eux-mêmes repérées.

Financière Fonds Privés se situe entre ces deux modèles. Cette société de conseil en investissements financiers, créée en 2008 par le « serial entrepreneur » Alain Born, à l’origine des sociétés Adhésion et Happy Travel, est un OVNI dans le paysage français du non-coté, selon ses dirigeants. « Notre fonctionnement représente une originalité, en France. Nous permettons à des investisseurs privés d’accéder en direct au capital de sociétés non cotées, « sourcées » (dénichées) par des professionnels du capital-investissement, avec des garanties de protection équivalentes à celles dont bénéficient les investisseurs institutionnels », affirme Pierre-Michel Deleglise, directeur général de Financière Fonds Privés et ancien DG de Groupama Private Equity.

UN PATRIMOINE DE 5 MILLIONS À 50 MILLIONS D’EUROS

L’avantage, par rapport à un fonds d’entrepreneurs ? Les investisseurs choisissent les sociétés auxquelles ils vont allouer leur argent, au lieu de le placer dans un panier d’entreprises pré-établi. A noter que les investisseurs privés en question ne sont pas monsieur Tout-le-monde, ni madame Michu, mais des investisseurs dits « avertis » :« Nos clients sont des personnes dont le patrimoine est compris entre 5 millions et 50 millions d’euros, qui sont intéressées par la proximité avec des entreprises car l’origine de leur patrimoine est entrepreneuriale. Ces investisseurs sont en effet d’anciens cadres-dirigeants, chefs d’entreprise, patrons de sociétés du CAC 40 ou capitaines d’industrie, avec un réseau relationnel de très haut niveau », explique Alain Born. Ce profil n’est pas sans rappeler celui des business angels – qui, au-delà de la mise de fonds, apportent aux entreprises leur expérience et leur carnet d’adresses – mais avec un zéro supplémentaire sur le carnet de chèque. Des noms ? Las ! Les clients de Financière Fonds Privés goûtent peu la publicité. C’est d’ailleurs dans l’univers discret des banques privées, entre autres, que Financière Fonds Privés puise sa clientèle, grâce aux partenariats conclus avec des établissements bancaires, essentiellement français. Une clientèle qui trouve certes chez Financière Fonds Privés des placements porteurs de sens pour elle, mais également une réponse à la problématique de patrons contraints de réinvestir au moins 50% du produit de la vente de leur entreprise dans un délai de deux ans, afin de bénéficier du report d’imposition de la plus-value.

UNE PREMIÈRE SORTIE AVEC WAYCOM

En l’espace de sept ans, Financière Fonds Privés a ainsi permis à 400 clients d’investir un total de 50 millions d’euros, dans 25 startups. Le terrain de jeu de Financière Fonds Privés, ce sont en effet les jeunes entreprises « à fort potentiel de croissance », qui ont besoin de 1 million à 5 millions d’euros pour financer leur développement, et qui oeuvrent dans le domaine du numérique. Plusieurs clients de Financière Fonds Privés ont ainsi participé aux différents tours de table menés depuis 2013 par la fintech Compte Nickel, le spécialiste du compte bancaire dans les bureaux de tabac. Dans la liste des participations des clients de Financière Fonds Privés figurent également Digitsole, un fabricant de chaussures et de semelles connectées, ou encore la plateforme de crowdfunding HelloAsso. « Sur les quelque 200 dossiers que nous recevons chaque année, trois ou quatre seulement sont retenus », précise Pierre-Michel Deleglise.

Cette sélectivité fait partie des garanties de protection des investisseurs évoquées plus haut par le dirigeant. Les investisseurs sont également protégés par un mécanisme de répartition des produits de cession des titres, le dirigeant de l’entreprise étant dilué dans le capital lors de la vente, si la société n’a pas atteint les objectifs fixés dans son plan de marche. Une garantie d’autant plus intéressante qu’après sept ans d’existence, l’heure des premières cessions est arrivée, pour Financière Fonds Privés : « Nous avons réalisé une première sortie, cette année, avec la société Waycom [un opérateur télécoms ; Ndlr], dont les dirigeants ont racheté les parts des actionnaires minoritaires, dans le cadre du rapprochement avec l’entreprise lvolea. Cette cession a généré un multiple de deux environ par rapport à notre investissement initial », indique Alain Born. Deux autres sorties sont dans les tuyaux.

© Christine Lejoux – La Tribune – Retrouvez l’article original en cliquant ici