[EVERCONTACT] Pour entreprendre à l’étranger, la Silicon Valley reste le Graal pour le High-Tech

Déc 8, 2015 dans Entreprises

Dans la capitale mondiale de la révolution numérique, les start-up françaises qui viennent tester leur technologie et trouver des fonds ont de plus en plus la cote.

Bon, pas de faux espoir, inutile de vous envoler pour San Francisco avec juste une idée de business en espérant trouver un eldorado. Plus grand écosystème de l’entrepreneuriat et de l’innovation au monde, la Silicon Valley est réservée aux start-up dotées d’une technologie disruptive, comme disent les Américains.

Mais pour celles-là, c’est une étape essentielle à leur internationalisation. Outre Google, Facebook, Amazon, Uber, Airbnb, on y trouve la plus grosse concentration d’incubateurs, d’investisseurs et de pros du marketing capables de transformer l’invention de jeunes geeks en hit planétaire. Et bonne nouvelle, à l’image d’Evercontact, que nous avons suivi à San Francisco, la French Tech y a le vent en poupe.

Docteur en informatique linguistique, Philippe Laval (49 ans) a fondé à Paris Evercontact, un service de mise à jour des carnets d’adresses électroniques, dont Xavier Niel est actionnaire. Il vient d’ouvrir une filiale à San Francisco

On a suivi le parcours d’un patron français de start-up au cœur de la “Valley “.

La société de Philippe Laval, Evercontact (gestion des contacts mails, 1 million d’euros de chiffre d’affaires), a été l’une des huit sélectionnées par BPIfrance pour passer trois mois, au printemps 2015, à San Francisco. Epaulé par Business France, l’organe de Bercy chargé d’aider les entreprises françaises à s’internationaliser, Philippe Laval a enchaîné des centaines de rendez-vous. Et ça a mordu…

30 avril 2015 : premier défi, maîtriser l’art du pitch

“Nos technos sont aussi bonnes que les leurs, mais pour se vendre les Américains sont rois”, reconnaît Philippe Laval, qui a été coaché par la prêtresse du genre, Page Alloo, pour apprendre à “pitcher” son business. Une phrase choc et une poignée de slides doivent suffire à souligner le potentiel de son business. “Think big or go home”, s’est-il entendu répéter.

7 mai 2015 : un “shit sandwich” indigeste

Un compliment, une claque, un encouragement. La première fois qu’il a présenté Evercontact aux investisseurs, Philippe Laval s’est mangé le fameux “shit sandwich”, mais il leur a quand même laissé sa carte de visite (640 distribuées en trois mois). “Le networking, c’est la clé. Avec, le soir même, un mail de suivi aux contacts du jour.” Un “follow up”.

20 mai 2015 : gros coup de blues, trop de pression

Au fil des rendez-vous, forums, salons qu’il enquille dans des journées de quinze heures, Philippe Laval se rend compte qu’il doit encore affiner son business model. “Du coup, j’ai mis la pression sur mes équipes à Paris.” Pour avancer plus vite, il s’est alors imposé une discipline : assister chaque soir à un “meet up” (réunion de networking aux quatre coins de la ville).

4 juin 2015 : adoubé par un gourou d’Apple

A l’issue d’une conférence d’une star de la Silicon Valley, Guy Kawasaki, auteur de “The Art of the Start 2.0”, bible des entrepreneurs, Philippe Laval lui propose de tester Evercontact. Le lendemain, mail de Kawasaki: “Votre service est top.” Citation que Philippe Laval met sur son site. Résultat : le nombre de nouveaux abonnés bondit de 60 à 100 par jour !

10 juin 2015 : première embauche, premier au bureau

Le calendrier s’accélère, Philippe Laval est convaincu qu’il doit créer une filiale à San Francisco. Mais les Frenchies de la Valley le préviennent : “Impossible de piloter un Américain à distance.” Coup de chance, il rencontre une jeune Française, pro du marketing dans le numérique. “Je l’ai embauchée et deux semaines plus tard on a trouvé un petit bureau à louer.”

16 juin 2015 : victoire à la World Cup Tech

La “Marseillaise” à fond, une montée sur scène devant la crème des investisseurs et poids lourds du numérique… Philippe Laval n’est pas près d’oublier la victoire d’Evercontact au World Cup Tech Challenge, où, tous les ans, s’affrontent à coups de “pitch” et de questions-réponses 25 start-up du monde entier. “En une soirée, vous gagnez des mois de visibilité.”

25 juin 2015 : “I will be back”

“Mi-juin, le retour à Paris approche, mais je sais que c’est à San Francisco que va se jouer la prochaine étape d’Evercontact : une troisième levée de fonds avec des investisseurs américains.” Avec une consigne : ne pas leur demander de l’argent, mais un conseil de stratégie. Le 15 septembre, Philippe Laval est reparti à Frisco l’agenda noir de rendez-vous.

© Nathalie VILLARD pour Capital.fr – retrouvez l’article original en cliquant ici